TOI ÉCRITE
Blason du corps de la femme.

BREUVAGE

Comment ils se roulent dans les draps imprégnés de cyprine de lys de sperme de talc de sueur et de nuit. De toi et de moi mélangés. Une seule essence. Et sans les mains, sans un geste, ils se laissent aller à leur peau commune.

Les rumeurs de Tel-Aviv rythment l'ondulation du corps uni. Tango langoureux de la volupté du souffle en soupirs. Toi mon servant de liturgie et moi ton répondant. Toi mon souffle d'oxygène, mon souffle de vie.

Au commencement, ils n'ont pas encore la force de parler. Ils ont pour seul langage les effluves des corps, si intimes que, seulement à ce moment, à cause de l'infinie tendresse qui les unit, ils les acceptent sans pudeur.

De la ville remonte l'odeur des jasmins et des fruits qui pourrissent. Rues mal lavées des marchés fermés. Relents des ordures qui tardent à être enlevées. Fumet des falafels et des shwarmas. Tout dans le silence la chaleur et la touffeur.

Entre baptême et brûlures.

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