En 1913, mon père monte à la thora pour la première fois. En 1913, l'Eden cinéma s'ouvre à Tel-Aviv et la même année, à La Ciotat en France, un cinéma porte le même nom. L'Eden de Tel-Aviv est un cinéma d'été, à ciel ouvert, dans le quartier de Néwé Tzédèk. L'Eden propose peut-être à l'affiche Gore Sary d'Alexandre Arkatov : Un homme se pend après avoir été poussé à répudier sa femme qui ne peut pas avoir d'enfants. J'ai eu mal, à regarder ce film muet qui ne dure que dix-huit minutes et m'a paru durer des heures. Dans une petite ville, un couple, issu d'un milieu aisé, porte les prénoms d'Isaac et de Sarah. Ces prénoms, imposés plus tard par les nazis aux Juifs, déforment ma perception du film. Je ne sais pas s'il s'agit d'une caricature ou si j'ai du mal à accepter cette représentation d'un monde qui me renvoie à mon grand-père que je n'ai jamais connu, et à Wasilkow, district de Sokolka, province de Grodno, orthographié Vasilkuv quand ce shtetl appartenait à l'empire Russe. En yidich on disait Vashilkova.

Tout de la honte portée -d'être juif- me précipite à Tel-Aviv la seule ville qui me sauve.

Je ne suis jamais allé y vivre.

© Pierre-Pascal FURTH all rights reserved

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