TOI ÉCRITE
Blason du corps de la femme.

BELLE BALADE

Avant le crépuscule, la dernière après-midi de son séjour à Tel-Aviv que la jeune fille audacieuse avait détournée pour eux, avait été longue. Dernière échéance, dernière chance.

Mais vas-y, quand est-ce qu'enfin tu oseras !

Il pense qu'il a été invité tant de fois par le père de la jeune fille à dîner sur la terrasse de leur appartement. Le père et la mère n'ont pas eu de cesse de faire l'éloge de leur fille jusqu'à plus soif. Il pense qu'ils la lui ont offerte en tentation et elle en est devenue supplice, dans l'ivresse de leurs paroles et dans l'ivresse du vin.

Alors vas-y, quand est-ce qu'enfin tu te lanceras !

Il pense que dans la nuit de l'appartement solitaire qui lui a été prêté reh'ov Gordon, pendant les instants qui précèdent le sommeil de quelques heures, à la lumière de la rue et dans la musique qu'il aurait voulu lui faire partager, il a écrit d'elle sur son carnet de voyage. Son nom, et ce qu'elle fait naître en lui. Et son nom encore et encore pour la garder, dans le silence de l'amour dont elle ne voudrait pas, et qu'il n'ose pas lui avouer.

C'est elle la courageuse qui a su arracher quelques heures pour qu'ils soient à eux deux.

Tu ne comprends donc pas ! Refuse que tout à l'heure elle te soit retirée, reprise, enlevée. Tu es condamné à réussir.

Ce cadeau d'une jeune fille aimante, de son regard posé sur toi pour te rendre vivant, tu vas enfin t'y résoudre. Tu ne vas passer à côté de cet amour de Tel-Aviv maintenant que la jeune fille s'en mêle. Deux femmes, enfin en une seule, se confondent.

T'asseoir seul pour prendre un café c'est pour toujours être assis avec elle.

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