TOI ÉCRITE
Blason du corps de la femme.

BAPTÊME BRÛLANT

Répit.

Cinq sens concentrés dans ses mains. Ses doigts entendent, voient, sentent et touchent. Ses doigts parlent. Il y a ses sourcils que ses pouces caressent, du nez vers l'extérieur du visage. Elle est chatte. Il y a ses paupières que ses index caressent. Elle est lionne. Il y a ses joues que ses majeurs massent légèrement. Elle est panthère. Il y a les annulaires qui fendent ses yeux. Mais les doigts veulent aussi connaître autre chose et se retournent. Les ongles rentrés, ce n'est plus la paume qui caresse, c'est le dos de la main. Il a retourné ses deux mains pour mieux cerner le nez, escalader son arête, caresser ses ailes. Elle est cygne. Il ferme les yeux-mains aveugles dans cette attention volontairement circonscrite à ses extrémités. Il a senti son visage frissonner en même temps que son corps. Il se place au-dessus d'elle. La lumière sourd de son visage, un ronronnement s'échappe de ses lèvres offertes. Il passe ses doigts dans son cou, caresse et gratte sa nuque au creux où les cheveux sont plus fins et plus doux. Il la regarde encore. Mon illuminée.

Elle a fermé les yeux. Son souffle passe sur son visage. Elle est sa respiration. Leur haleine parfumée a la saveur de la terre du lait et du miel, et elle a l'odeur d'une terrasse qui se répand dans le soir, après une journée torride de l'été. Sa langue trace un sillon humide sur la rugosité jumelle qu'elle entr'ouvre, et l'émail lisse de ses dents est de la pierre chaude. Mieux qu'avec l'eau de la carafe, ils étanchent leur soif. Une fontaine murmure au fond d'une cour et les salives s'échangent. Danse en silence, chante les première notes, dans un lit défait qui est le sien. Et quand enfin, leurs corps se rejoignent à nouveau, corps collés, ils poussent tous les deux un seul soupir. Alors ils se décollent un peu pour éprouver le vide, parce qu'aussitôt se retrouver est comme un vertige. Collés/décollés. Fondus/séparés. Ils jouent.

Maintenant, leurs mains plus audacieuses osent de nouvelles caresses, font naître un peu plus de désir, et chacune apporte un peu plus de tension. Leur chair devient piquante, et le duvet qui la recouvre se redresse. Lentement, même ces seules caresses, ils ne peuvent plus les supporter. Ils doivent faire la trêve d'amour.

Pourtant ces deux dissociés ne peuvent vivre un tel divorce. Leurs corps pas même reposés se rapprochent lentement. Retrouvailles.

EMBRASSER BOUCHES ET BRAS SUBMERGÉE

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