TOI ÉCRITE
Blason du corps de la femme.

BANQUET

Si tu veux connaître ma ville ne me demande rien. Et surtout pas de te la faire voir. Regarde-la comme on reluque une gonzesse. Regarde-la simplement avec ses yeux nouveaux. Je suis fier d'elle car je l'aime. En amant jaloux je me la garde, précieuse comme elle ne peut l'être que pour moi.

Pour moi douce à l'aurore de notre réveil
Elle sent
Elle parle
Elle se dévêt
Elle m'attend.

Regarde son visage multiple foisonnant de sourires, ses arcades, ses places, ses ruelles et ses magasins. Parfois elle pleure, c'est la pluie. Parfois elle colère, c'est le khamsin.

Pourquoi voudrais-tu que je te la découvre, elle mérite mieux. Guette-la, elle se laissera surprendre et vas-y doucement. Tournoiement lascif et l'écharpe autour du ventre coule roule, descend le long des hanches, danse. Visage voilé transparence et ses traits sont plus délicats. Elle n'a rien d'une allumeuse, elle désire seulement que tu la désires aussi. Dans l'avant-goût de l'amour c'est le doute. La fiancée sera ton amante si tu sais t'y prendre. Si tu sais la prendre.

Parle-lui elle te parlera
Scrute-la
Apprivoise-là elle te surprendra
Chante-la
Aime-la Désire-la
Respire-la
Caresse-la
Fais-lui l'amour
Si tu peux elle te le rendra
Et surtout fais un effort si tu la veux vraiment.

Déchiffre-la, lis-la, contemple-la, elle est livre. De loin, elle est peinture, de près miniature. Cadre-la, elle est photographie, laisse-la se dérouler sous tes yeux, elle est film. Sculpte-la elle est matière, essaie. Et si elle se laisse faire, c'est gagné.

Planque-toi et mate, plante-toi en face d'elle et admire-la, monte sur ses terrasses et ses toits de la nuit, elle est lumière. Colle ton oreille près de la mer : le ressac sa musique.

Elle est violon.

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