TOI ÉCRITE
Blason du corps de la femme.

BALSAMIER 2

Le pire : pour les hommes, l'après-rasage -toujours vulgaire- le matin, dans le métro.

Tu m'as demandé : qu'est-ce que tu mets. Manière de t'étonner que je n'aie pas de parfum. J'ai répondu rien. Ce qui est faux. Depuis l'enfance, ce rien porte le nom d'Eau de Cologne d'Orsay dans un flacon au capuchon céruléen. C'était déjà celle de mon père.

Il déposait quelques gouttes de cette eau de Cologne sur son mouchoir qu'il respirait à la Schule le jour de Kippour. Dans l'haleine du jeûne, les pénitents proclament leurs fautes. Soudain, cette fraîcheur qui l'enveloppait et m'enveloppait aussi dans la maison de toile de son talith où j'étais protégé. Nous avons su au moins que nous partagions cela. Mon père est un homme d'une autre époque, vêtu d'un caleçon long et d'une "finette" à manches longues été comme hiver, que je n'ai jamais vu prendre de douche, encore moins s'immerger dans l'eau complètement, comment faisait-il pour ne jamais sentir la sueur ? Lui le sage, je ne l'ai jamais vu revenir du mikweh rituel.

J'ai choisi d'endosser l'odeur du père.

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